Bered ar c’hezeg (2) – Toñtoñ Louitch Joli Cœur (Tonton Louis Joli Coeur)
Toñtoñ Louitch Joli cœur (Tonton Louis Joli Cœur)
Tonton Louis avait un cheval. Tonton Louis était joyeux, on l'appelait Joli Cœur. Mais il était aussi grave et : il avait caché un parachutiste durant la guerre. (Cet entretien est moment honteux pour l'enquêteur qui interrompt brutalement le récit de Jeannette pour reparler des chevaux qu'on enterre. Mais je me promets de revenir sur ce sujet).
Jeannette : Tonton Louig en doa eul loan hag e deue 'a da labourat en douar. Er vreur da va zad. A, Toñtoñ Loik Toñtoñ Loik Joli coeur. Toñtoñ Loik e kane atav hep ehaña Joli cœur a vez surnomet.
Didier : ha perak ?
Jeannette : hag hemañ edo laouen. Eun den laouenn. Eun den laouen met ‘pad ar v(b)rezel 42 e bet, quand même, e prizoun e Raouzen.
Didier : perak ?
Jeannette : en doa ramasset ur parachutist
Didier : ah bon ?
Jeannette : bañ ya. An dra se me' gouezet ga va koujinez Jeannette.
Didier : petra oa bet graet ?
Jeannette : bet o' daou pe tri dervez e prizon e Raouzen. Hag-a me moa ket kleves dorc'h an dra-he. Me d'io' yaouank.
Didier : N’eo ket bet, penoñs 'ta, inkiete' muioc’h ?
Jeannette : Non hag 'a Toñtoñ Dion zo bet en Angleterre
Didier : piv ?
Jeannette : eur vreur da va mamm
Didier : d'ober petra ?
Jeannette : l’appel du 18 juin.
Didier : ah bon
Jeannette : an dra-he meus gouezet ga' Jeannette pellzig
Didier : ha da dad dit-te ?
Jeannette : non pas. Va zad din-me oa war ar batimenchoù, Didier. E zo e Brest war ar batiment. Ha me meus... Perak, penoñs ed ia di ase, e rea marché noir ga', comment, c’hoalen
Didier : ah bon
Jeannette : ya, hag-a va mamm ad ia da Giseni bars ar c’har evit kaoud bleut gwen.
Didier : ah bon
Jeannette : penoñs e noa goalen, c'hoalen va zad. Comment on pouvait faire du sel ? A ce moment sur un bateau. War ar vag e rea. D’ar poent-se veze lakeat du charbon, glaou. An dra he meus(ch) klevet ma mamm lar an dra-he... 'N eus bet atav bara gwen [?] E rea marché noir. Pas marché noir. E d ea da Giseni da gaout bleut gwen.
Didier : ah bon gant da zad veze gwerzhet hoalen
Jeannette : ya
Didier : echañjet
Jeannette : echañjet, kwa, contre… Matre ‘oa
Didier : matre ‘n eus kavet hoalen...
Jeannette : war e vag.
Didier : ah bon
Jeannette : il faisait des choses. Cette histoire, moi, je l’ai entendue. Klevet meus an dra-he.
Didier : daoust ‘ veze penos cimetière des chevaux e lechiou all ?
Jeannette : a noñ,’d io’ ke’ kals, hein, Didier
Didier : ya
Jeannette : matre daou pe tri loan. Pever loan matre ebarz ‘tout. Matre n’ eus ket ‘met daou pe tri barzh ha-y.’ Z eus ke bet matre kals. Memestra, amañ ‘d io’ ket paizanted, Didier. ‘Eo, e d ioa, quand même, evit mont ‘ gerc’hat ar v(b)ijin er mor, alato.
Didier : ya, ya
Jeannette : matre e ioa eul loan barz pep ti, quand même.
Didier : evit…
Jeannette : de dad kozh n'doa ket. Se zo sur. Piv ‘noa, alors ? Meus ke sonj dorch’ piv. Toñtoñ Loig nd ioa.
Didier : Joli cœur
Jeannette : e Kervelt ed ioa. Comment Bramoule
Didier : Bramoulé n doa eul loan ?
Jeannette : eul loan, ya. François, Feiñch, François penoñs e veze e anv celui-là, hennezh. François. J’ai oublié. Meus ke sonj ken. Bramoule, eo e anv. François. Ti Lostrouc’h ioa i’e. Ti bervas. E oa ul loan aussi. Louis a’ Paot’ noa i’e.
Didier : Louis ar Paot, piv oa
Jeannette : Cheun ar Paot’, son frère.
Didier : breur da...
Jeannette : eun toñtoñ din-me. Da va ma mamm. Ya, par rapport a Balcon. Mauricette ar Paot’. Penoñs e vedo. N’eo ke’ Louis a’ Paot’. Ça va pa. Le père à Yvonne Caraes. A, meus ke’ sonj ken… Pet'a eo hemañ ? Hemañ zo ' vont
Jeannette : Tonton Louis avait un animal (cheval) et il venait labourer (travailler) la terre. Un frère à mon père. Ah, Tonton Louis, Tonton Louis Joli cœur. Tonton Louis chantait toujours sans s'arréter. Joli coeur, on le surnommait.
Didier : et pourquoi ?
Jeannette : et celui-ci était un homme joyeux. Un homme joyeux. Un homme joyeux mais pendant la guerre 42, il a été envoyé en prison à Rennes.
Didier : Pourquoi ?
Jeannette : il avait ramassé un parachutiste.
Didier : ah bon
Jeannette : bin oui. Cette chose-là je l'ai su par ma cousine Jeannette [...] Il était jeune.
Didier : il n'a pas été inquiété plus ?
Jeannette : non et Tonton Dion (Yves) a été en Angleterre
Didier : qui ?
Jeannette : un frère de ma mère.
Didier : pour faire quoi ?
Jeannette : l'appel du 18 juin. Didier : ah, bon
Jeannette : Ça je l'ai su par Jeannette il y a quelques temps.
Didier : et ton père à toi ?
Jeannette : mon père à moi était sur les bâtiments. Il est à Brest sur les bâtiments. Du marché noir avec du sel.
Didier : ah bon
Jeannette : ma mère allait à Guisseny dans le car (avec la charrette) pour avoir de la farine.
Didier : ah bon
Jeannette : comment il avait du sel, mon père ? Comment on pouvait faire du sel ? Sur le bateau. A l'époque, on mettait du charbon, charbon. Ca, j'ai entendue ma mère dire ça... Il n'y a pas toujours eu du pain [?] Il faisait du marché noir. Pas marché noir. Il allait à Guisseny pour trouver de la farine blanche
Didier : ah bon, ton père vendait du sel
Jeannette : échangé, quoi; contre... Peut-être c'était...
Didier : peut-être, il trouvait du sel...
Jeannette : sur son bateau. Il faisait des choses. Cette histoire, je l'ai entendue. J'ai entendu ça.
Didier : est-ce qu'il y avait, comment, cimetière de chevaux ailleurs ?
Jeannette : ah, non, il n'y avait pas beaucoup, hein, Didier
Didier : oui
Jeannette : peut-être deux ou trois animaux (chevaux). Quatre animaux (chevaux) en tout. Peut-être n'y avait que deux ou trois dedans, là. Il n'y avait peut-être pas beaucoup. Pourtant, ici, il ya vait des paysans, Didier. Si, il y en avait, quand même pour aller chercher le goemon en mer, quand même.
Didier : oui, oui
Jeannette : peut-être, il y avait un cheval (animal) dans chaque maison, quand même
Didier : pour...
Jeannette : mon père n'avait pas. Pour sûr. Qui en avait, alors ? Je ne me souviens qui en avait. Tonton Louis en avait.
Didier : Joli coeur
Jeannette : eh, Joli coeur en avait. Comment Bramoulé.
Didier : Bramoulé avait un cheval (animal) ?
Jeannette : un cheval (animal), oui. François, Feiñch, François comment était son nom, celui-là, celui-là. François. J’ai oublié. Je ne me souviens plus. Bramoule, c'est son nom. François. A Lostrouc’h, il y avait, aussi. Chez Bervas, il y avait un cheval (animal). Louis A’ Paot’ en avait aussi.
Didier : Louis Ar Paot, qui c'était...
Jeannette : Cheun Ar Paot’, son frère. Didier : frère de...
Jeannette : Un oncle de moi. De ma mère. Oui, par rapport à Balcon. Mauricette Ar Paot’. Comment c'était. Ce n'est pas Louis A’ Paot’. Ça va pas, ça. Le père à Yvonne Caraes. Ah, je ne me souviens plus… C'est quoi celui-là ? Celui-là, il va...