Langue maternelle (2)

Introduction

1- Ethnographie de la langue maternelle

Du côté du sujet (plus que de la langue) : 
le sujet de mon enquête, ce n'est pas le breton mais Fine, Jeannette, Léontine, Marie et Yves, et leurs langues ; et parmi ces langues, le breton (leur breton) qui est leur langue maternelle. yy
Ethnographie
Francis Zimmermann

2 – Langue maternelle : définition

Première langue
- Langue de leur première subjectivé ; c'est en breton qu'il.elles ont pensé, exprimé leur sentiment, émotion... en réflexion intérieure, et dans l'échange avec la mère et le père
- Langue de leur première sociabilité. Quand il.elles sont né.es, on leur parlait en breton. C'est en breton qu'il.elles ont trouvé les mots pour parler aux autres (se dire) et que les autres leur ont parlé
Sociologiquement (techniquement) leur langue maternelle est le breton
Deuxième langue
- il.elles apprennent le français à l'école
- peu à peu (comment), le français devient leur subjectivité (expression du désir, du sentiment, narration de soi) et de leur sociabilité (la région de Bretagne où il.elles devient francophone exclusive et aussi, certain.es d'entre eux.elles partent vivre hors de Bretagne).
Sociologiquement (techniquement), le français devient une langue quasi-maternelle, ou encore, langue maternelle seconde.
Diglossie
1 - Situation de diglossie très brève : une génération. Prenons mes interlocuteur.ices, il.elles sont tou.tes bilingues : le breton est leur langue maternelle et il.elles ont appris le français durant leur enfance. Il.elles sont donc, bilingues et diglossiques car leurs deux langues n'ont pas le même statut (social, symbolique, politique) et l'une (le breton) est moins valorisées que l'autre le français). Les parents de mes interlocuteurs étaient bretophones faiblement francophones, pas véritablement bilingues, a fortiori, pas diglossiques. Puis les enfants de mes interlocuteur.rices : aucun d'eux (de rares exceptions) ne connaît le breton. Ils sont monolingues (français) ou plurilingue (français plus anglais, espagnol,...). Ou en tout cas de diglossie français/breton.
Donc la diglossie français/breton n'a concerné qu'une génération, celle de mes interlocuteur.ices (pas avant, pas après).
Bilinguisme et diglossie transitoires.
ou presqi
ggg
  

3 – Langue maternelle : manifestation

Dans mes entretiens comment se manifeste la langue maternelle ?
- Compétence immédiate. La plupart de mes interlocuteur.rices pratiquent très peu le breton ; il.elles n'ont pas parlé breton depuis des mois. Pourtant, dès que je propose un échange en breton,  l'accord est immédiat, et la conversation s'engage en breton sans attendre. Leur compétence dans la langue s'exprime tout de suite. Il y a des hésitations, de switch code (vers le français) mais le breton vient tel qu'il.elles le parlaient avant (avec sans doute une perte de compétence)
- Connivence. Y a-t-il des mots, des expressions qui font connivence ? Qui seraient des understatement ? En fait, c'est toute la langue qui fait connivence : il.elles la parlent presque jamais, c'est leur langue maternelle, nous évoquons des évènements personnels souvent du passé. Il.elles engagent un récit d'eux.elles mêmes (il.elles sont invié.es à le faire). C'est toute la situation langagière qui est une connivence. Fine, lors de notre second entretien me dit (en français) : "je t'attendais". Jeannette ponctue souvent ces phrases par une interpellation douce qui est m'est adressée "Didier" pour conclure une séquence (micro séquence parfois) 

4 – Les représentations (idéologie linguistique)

Que disent mes interlocuteur.trices du breton ? Il.elles disent que c'est : 
- Une langue savante : Jeannette à propos d'une petite fille dans une école Diwan : "hounezh vo intelijent" (elle sera intelligente). Marie évoque l'existence de dictionnaires
- Une langue de musée : Yves estime que c'est une langue du passé mais qu'il est bon de la conserver (à l'université, au musée). De toute façon, il pense que le breton ne sert à rien.